Depuis le 1er juillet 2025, un tournant majeur s’opère dans la politique énergétique belge. L’État met fin à une série d’avantages fiscaux accordés aux énergies fossiles, notamment à travers la suppression du taux de TVA réduit à 6 % pour l’installation de chaudières au gaz ou au mazout. Cette mesure vise à réorienter les choix des ménages vers des solutions de chauffage plus durables, en ligne avec les objectifs climatiques européens.
Mais que signifie concrètement cette décision pour les consommateurs et les professionnels du secteur ? Quels sont les équipements encore concernés par une TVA réduite ? Et comment s’adapter à cette nouvelle réalité énergétique ?
Une réforme fiscale dans un contexte de transition énergétique
L’instauration du taux réduit de TVA à 6 % sur certains travaux de rénovation, dont l’installation de chaudières, visait à encourager l’amélioration énergétique du parc immobilier belge. Mais jusqu’ici, cette réduction bénéficiait aussi à des appareils fonctionnant aux énergies fossiles, comme les chaudières au gaz ou au mazout.
Dans un contexte d’urgence climatique, cette politique n’était plus alignée avec les engagements environnementaux pris par la Belgique. C’est pourquoi, depuis le 1er juillet 2025, le gouvernement a décidé de retirer cet avantage fiscal pour les équipements à combustibles fossiles, en particulier les chaudières classiques, même à condensation.
Désormais, les consommateurs doivent payer la TVA pleine à 21 % pour ces installations, comme c’est déjà le cas pour d’autres types d’équipements non durables.
Un signal clair en faveur des énergies renouvelables
Cette réforme s’inscrit dans un plan plus large visant à accélérer la sortie des énergies fossiles, qui sont responsables de la majeure partie des émissions de CO₂ dans le résidentiel.
Pour encourager cette transition, le gouvernement maintient en revanche la TVA réduite à 6 % pour une liste restreinte de technologies plus écologiques :
- Pompes à chaleur (air/eau, géothermiques)
- Chaudières biomasse
- Chauffe-eau solaires
- Systèmes de chauffage hybrides intégrant une part significative d’énergie renouvelable
En plus du taux réduit, certaines de ces solutions peuvent toujours bénéficier de primes énergie régionales ou d’aides liées à la performance énergétique des bâtiments (PEB).
Quel impact pour les ménages en 2025 ?
La suppression de la TVA réduite sur les chaudières au gaz et au mazout représente une hausse de coût non négligeable pour les particuliers. Par exemple :
| Type d’installation | Prix HTVA estimé | TVA à 6 % | TVA à 21 % | Différence de prix |
|---|---|---|---|---|
| Chaudière gaz | 3 000 € | 3 180 € | 3 630 € | + 450 € |
| Chaudière mazout | 4 500 € | 4 770 € | 5 445 € | + 675 € |
Ces montants ne tiennent pas compte d’éventuelles primes locales, mais ils montrent que l’écart est significatif. À cela s’ajoute le fait que l’achat d’une chaudière à énergie fossile devient non seulement plus coûteux, mais également moins soutenu par les pouvoirs publics, ce qui influe sur la rentabilité à moyen terme.
De plus, en cas de revente ou de location, les logements équipés de systèmes peu performants ou polluants risquent d’obtenir un certificat PEB défavorable, ce qui peut pénaliser leur attractivité sur le marché immobilier.
Pourquoi ne plus subventionner les chaudières au gaz ou au mazout ?
Les chaudières au gaz naturel ou au mazout, même à condensation, restent des systèmes alimentés par des ressources fossiles, dont la combustion libère du dioxyde de carbone. Même si elles sont plus performantes que les anciens modèles, elles ne sont pas considérées comme des technologies « d’avenir » dans le cadre de la neutralité carbone visée à l’horizon 2050.
L’Union européenne recommande depuis plusieurs années de réorienter les subventions publiques vers des équipements utilisant des sources renouvelables, pour éviter d’investir massivement dans des technologies bientôt obsolètes. La fin des avantages fiscaux belges va donc dans le sens de cette orientation stratégique.
Les solutions alternatives encore soutenues
Pour les ménages bruxellois et wallons qui souhaitent rénover leur système de chauffage tout en conservant un accès aux aides financières, plusieurs options restent viables :
- Pompe à chaleur air/eau : idéale pour les logements bien isolés. Elle extrait la chaleur de l’air extérieur et la restitue à l’intérieur avec un rendement élevé.
- Chaudière biomasse : fonctionne à partir de granulés de bois ou de bûches. C’est une alternative locale et renouvelable.
- Chauffe-eau solaire : en complément d’un chauffage existant, il permet de produire de l’eau chaude sanitaire avec l’énergie solaire.
- Chaudière hybride : combine une pompe à chaleur et une chaudière à condensation, avec pilotage intelligent selon les besoins.
Ces systèmes peuvent bénéficier d’une TVA à 6 %, à condition que le logement ait plus de 10 ans, et que l’installation soit effectuée par un professionnel agréé.
Quels critères pour bénéficier encore de la TVA réduite ?
Même si les chaudières gaz et mazout ne sont plus éligibles à la TVA réduite, d’autres équipements peuvent l’être, sous certaines conditions générales :
- Le logement concerné doit avoir au moins 10 ans
- Les travaux doivent être réalisés par une entreprise professionnelle
- L’équipement installé doit figurer dans la liste officielle des solutions durables
Il est donc essentiel, avant tout projet, de vérifier l’éligibilité du système auprès d’un chauffagiste qualifié, afin d’éviter les mauvaises surprises au moment de la facturation.
Une opportunité pour les artisans et installateurs qualifiés
Cette évolution du cadre fiscal est aussi un levier de transition pour les professionnels du chauffage. Les installateurs spécialisés dans les systèmes renouvelables verront la demande croître dans les années à venir. Les artisans devront donc :
- Se former aux technologies bas carbone
- Être en mesure de conseiller leurs clients sur les aides disponibles
- Adapter leurs devis et solutions pour répondre à une demande plus exigeante
Il s’agit d’une transformation du métier de chauffagiste, qui devient un acteur clé de la rénovation énergétique.
Le message aux consommateurs : anticiper plutôt que subir
Plutôt que de repousser le remplacement d’un appareil vieillissant, il peut être plus judicieux d’anticiper la transition. Les chaudières classiques seront de moins en moins soutenues, et risquent même d’être interdites à terme comme c’est déjà le cas pour les chaudières au mazout à Bruxelles.
Voici quelques conseils pratiques pour amorcer la démarche :
- Faire réaliser un audit énergétique
- Demander plusieurs devis
- Se renseigner sur les primes disponibles
- Prévoir un budget tenant compte de la TVA applicable
Conclusion : un cap assumé vers le chauffage durable
La fin des avantages fiscaux sur les chaudières au gaz et au mazout marque un changement profond dans la politique énergétique belge. Si cette mesure implique un effort financier supplémentaire à court terme pour certains ménages, elle permet aussi d’orienter les rénovations vers des solutions plus responsables.
Les technologies durables, comme les pompes à chaleur ou les chaudières biomasse, sont désormais mieux soutenues, fiscalement et politiquement. C’est donc le moment idéal pour envisager une transition vers un chauffage plus propre, plus économique, et en accord avec les exigences de demain.
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